La RE 2020 renforce les ambitions environnementales de la filière construction. Elle implique notamment de considérer l’ensemble du cycle de vie des bâtiments dans l’étude des impacts environnementaux. Dans ce contexte, l’analyse du cycle de vie (ACV) devient un outil crucial. Comment fonctionne-t-il ? Quelle est sa place dans le secteur du bâtiment ? Comment le mettre en œuvre ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le sujet.
Analyse de cycle de vie (ACV) : de quoi s’agit-il ?
L’ACV quantifie les impacts environnementaux des activités humaines. Grâce à sa double approche, qui tient compte de l’ensemble du cycle de vie du projet et d’un large panel de critères d’analyse, il est aujourd’hui encouragé par les normes nationales et internationales.
Un outil essentiel pour évaluer les impacts environnementaux
Quel que soit le type de projet ou d’activité, l’évaluation des impacts environnementaux constitue une étape de plus en plus importante. Elle vise à considérer l’intégralité de la durée de vie d’un système : de l’extraction des matières premières à son traitement de fin de vie, en passant par toutes les étapes de fabrication, de transport et de conditionnement. C’est ce qu’on appelle l’analyse de cycle de vie (ACV).
Une analyse multicritère
Une ACV est basée sur plusieurs critères d’analyse des flux entrants (matières premières, énergie, etc.) et des flux sortants (déchets, émissions gazeuses, etc.). Ces derniers sont quantifiés à chaque étape du cycle grâce à des indicateurs potentiels, qui tiennent compte des incertitudes liées à la complexité des phénomènes étudiés.
En France, la réglementation distingue 28 indicateurs répartis en 4 catégories différentes :
- Les impacts environnementaux.
- L’utilisation des ressources.
- Les catégories de déchets.
- Les flux sortants.
Un outil normalisé
Depuis les années 1990, l’ACV n’a cessé de se développer pour devenir l’outil le plus abouti en matière d’évaluation des impacts environnementaux. Sa méthodologie est harmonisée, renforcée et fiabilisée par les normes internationales ISO 14040 et ISO 14043.
Il est aujourd’hui reconnu et promu par de nombreux secteurs professionnels, mais il a fallu attendre le début des années 2000 pour qu’il intéresse le secteur du bâtiment…
L’analyse du cycle de vie (ACV) appliquée au secteur du bâtiment et de la construction
En France, le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie totale consommée. La performance énergétique des bâtiments s’impose donc comme un enjeu crucial de la transition environnementale.
C’est pourquoi l’ACV occupe aujourd’hui une place essentielle dans le secteur ! Cet aspect est d’ailleurs au cœur des nouveautés introduites par la réglementation environnementale 2020 (RE 2020) : il devient nécessaire d’analyser l’impact environnemental à chaque étape de la vie d’un bâtiment.
La nouvelle réglementation rend l’ACV obligatoire pour les permis de construire des bâtiments résidentiels. Pour les bâtiments tertiaires, l’obligation devrait s’appliquer à compter du 1er janvier 2023.
Si certains freins techniques demeurent, l’ACV appliquée au secteur du bâtiment est aujourd’hui largement normalisée et réglementée.
Les différentes échelles de l’analyse du cycle de vie d’un bâtiment
L’ACV appliquée au secteur du bâtiment et de la construction peut porter sur :
- les produits et les équipements qui constituent un bâtiment (ACV produit) ;
- l’ensemble du bâtiment (ACV bâtiment).
Attention : l’ACV d’un bâtiment n’est pas égale à la somme des ACV produits qui le composent ! Les impacts environnementaux d’un bâtiment concernent l’ensemble des phases du chantier.
Les ACV produits
À l’échelle des produits et des équipements qui constituent un bâtiment, les impacts environnementaux sont renseignés par les industriels de la constructions et vérifiés par des tiers indépendants.
Les ACV produits sont normalisées et se présentent sous les formes suivantes :
- les fiches de déclaration environnementale et sanitaire des produits de construction (FDES), encadrées par la norme NF EN 15804 + A2 ;
- les profils environnementaux produits des équipements électriques, électroniques et génie climatique (PEP), encadrés par les normes XPC-08-100-1 et EN 50693 ;
- les données environnementales par défaut (DED) et les données conventionnelles de service, renseignées par le Ministère de la Transition Écologique et le Ministère en charge du logement.
La base INIES met librement à disposition les données pour les FDES et les PEP et la base PEP ecopassport pour les PEP.
Les ACV bâtiment
Les ACV bâtiment tiennent compte de l’ensemble des étapes du projet, parmi lesquelles :
- l’extraction des matières premières ;
- la fabrication des matériaux et des produits : habillages, revêtements, peintures, éléments de charpente, etc.
- le transport et la manutention ;
- la mise en œuvre sur le chantier ;
- l’exploitation : chauffage, isolation, consommation électrique… Cette étape était la seule prise en compte par la réglementation thermique 2012 (RT 2012), désormais remplacée par la RE 2020 ;
- la rénovation ;
- la déconstruction ;
- le traitement des déchets ainsi que la réutilisation, le recyclage ou le réemploi des matériaux.
Comment mettre en œuvre une analyse de cycle de vie (ACV) d’un bâtiment ?
L’ACV d’un bâtiment est aujourd’hui obligatoire dans les projets de construction neuve. Mais qui doit la réaliser, et comment ?
Les acteurs concernés par l’ACV
Dans le cadre d’un projet de construction, les ACV permettent au maître d’ouvrage de choisir les méthodes de construction les moins énergivores et de suivre l’évolution des impacts environnementaux tout au long du cycle de vie, selon plusieurs critères d’analyse.
Le maître d’ouvrage commande les ACV au maître d’œuvre, qui est en charge de leur réalisation. Il peut les confier à un bureau d’étude thermique.
Les 4 étapes de la réalisation d’une ACV
Pour mener à bien une ACV, le maître d’œuvre doit suivre les étapes suivantes tout au long du projet :
- Définir les objectifs de l’ACV, le champ de l’étude, les règles de calcul et la manière dont les résultats seront divulgués.
- Dresser l’inventaire de cycle de vie (ICV), qui correspond à une comptabilité analytique des flux entrants et des flux sortants. Il peut être réalisé à l’aide d’un logiciel d’ACV.
- Évaluer les impacts environnementaux. Plusieurs méthodes permettent de caractériser les flux inventoriés en indicateurs d’impacts environnementaux. Le plus souvent, elles utilisent des indicateurs potentiels (midpoint). D’autres utilisent des indicateurs de dommages potentiels (endpoint), plus simples mais moins fiables.
- Interpréter les résultats et proposer des pistes d’amélioration. Cette étape est répétée tout au long du projet afin d’ajuster les trois autres si nécessaires. Par exemple, elle peut amener à la restriction du champ d’étude.
Le cadre méthodologique de l’ACV
Les règles de calcul qui permettent d’évaluer la performance environnementale des bâtiments neufs et des bâtiments existants sont définies par la norme EN 15978. La déontologie et la méthodologie des ACV sont définies par les normes ISO 14040 et ISO 14044. Enfin, les FDES et les PEP présentent les résultats de l’ACV d’un produit ou d’un équipement.
Néanmoins, le respect des normes représente le niveau minimum d’engagement dans la transition énergétique.
Pour inscrire un projet de construction dans une démarche de développement durable, le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre disposent d’un large éventail de possibilités afin d’aller encore plus loin dans la démarche.