L’empreinte carbone fait partie des leviers incontournables dans le cadre de la transition énergétique. En particulier dans le secteur du bâtiment, qui génère à lui seul 23 % des émissions de gaz à effet de serre en France. En tant que diagnostiqueur immobilier, vous devez comprendre les enjeux de cet indicateur clé et apprendre à évaluer l’empreinte carbone des projets de construction. Pour cela, il faut tenir compte de l’ensemble du cycle de vie des bâtiments que vous diagnostiquez. Voici tout ce qu’il faut savoir.
Zoom sur l’empreinte carbone
Qu’est-ce que l’empreinte carbone ?
L’empreinte carbone désigne la mesure précise et complète des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une activité. Dans le secteur de la construction, elle englobe l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment, de sa conception à sa démolition, en passant par son exploitation. Elle tient compte des émissions directes et des émissions indirectes : extraction et fabrication des matériaux de construction, transport sur le chantier, gestion des déchets, consommation d’énergie lors de son utilisation, etc.
Quels sont les objectifs de l’empreinte carbone ?
L’empreinte carbone constitue un indicateur majeur pour identifier les bâtiments à forte émission et réduire leur impact. Elle contribue à la réduction des émissions de CO2 des projets de construction neuve et de rénovation, en s’alignant sur les enjeux de la transition énergétique.
L’empreinte carbone contribue également à booster l’efficacité des chantiers, en privilégiant les matériaux durables et en optimisant la gestion des ressources et des déchets. Un avantage concurrentiel pour les professionnels du secteur !
Les enjeux de l’évaluation de l’empreinte carbone dans le bâtiment
Réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement
Depuis l’accord de Paris de 2015, les États engagent des actions en faveur de la transition énergétique. L’Union européenne s’est dotée du Cadre européen énergie-climat, qui implique une réduction des émissions carbone d’au moins 40 % en 2030 par rapport à 1990. Le secteur du bâtiment, qui représentait 37 % des émissions mondiales en 2022, est particulièrement visé.
En France, de nombreuses actions se déploient pour réduire l’empreinte carbone du bâtiment :
- la mise en place de la réglementation environnementale (RE2020), qui encadre la consommation d’énergie des logements neufs ;
- la création de labels : chantier zéro carbone, BBC (bâtiment basse consommation), BBCA (bâtiment bas carbone), HQE (haute qualité environnementale), etc. ;
- l’obligation de l’audit énergétique avant la mise en vente des passoires thermiques et le développement du DPE (diagnostic de performance énergétique) ;
- le déploiement des aides financières à la rénovation énergétique ;
- la mise en place du décret tertiaire en 2019, qui encourage une conception plus durable et une utilisation plus efficace de l’énergie dans le secteur tertiaire.
Zoom sur la stratégie nationale bas carbone
La France s’est fixé un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Il implique une décarbonation majeure des secteurs de l’énergie, des transports et du bâtiment.
La stratégie nationale bas carbone (SNBC) définit les objectifs suivants pour les projets de construction :
- accélérer les rénovations énergétiques ;
- prioriser la production et la mise en œuvre de matériaux de construction et de rénovation peu carbonés ;
- tenir compte de l’ensemble du cycle de vie du bâtiment et développer des filières de recyclage des matériaux et déchets du BTP.
Le rôle des diagnostiqueurs immobiliers
Les diagnostics, les DPE et les audits s’inscrivent dans la stratégie de réduction des émissions de GES dans le secteur du bâtiment. Ils concernent notamment la rénovation énergétique du parc immobilier français.
La nouvelle version du DPE entrée en vigueur en 2021 tient compte, en plus des consommations d’énergie, des émissions de GES associées. Elle renforce le rôle des diagnostiqueurs immobiliers, qui identifient les passoires thermiques et guident les propriétaires dans leur projet de rénovation. Ils participent ainsi activement à la réduction des consommations énergétiques des logements et des bâtiments.
Comment évaluer l’empreinte carbone dans les projets de construction ?
Les méthodes d’évaluation de l’empreinte carbone
Après expérimentation du label E+C- (énergie positive et réduction carbone), la méthode ACV dynamique s’impose dès janvier 2022 pour calculer l’impact des constructions neuves. Intégrée à la RE2020, elle permet d’estimer l’empreinte carbone pendant toute la durée de vie du bâtiment.
La méthode ACV inclut :
- les émissions liées à la production des matériaux et des équipements utilisés pour la construction ;
- les émissions générées par les consommations d’énergie durant l’exploitation du site ;
- une approche bioclimatique du bâtiment, qui tient compte des consommations en toute saison ;
- les matériaux permettant le stockage temporaire du carbone, comme les matériaux biosourcés qui absorbent une part du CO2 environnant lors de leur croissance.
D’autres méthodes existent pour évaluer l’empreinte carbone dans les projets de construction, comme le bilan carbone de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) qui englobe l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Autre piste : le BEGES (bilan de gaz à effet de serre), également mis en place par l’ADEME. Enfin, le GHG Protocol, un protocole international qui évalue les émissions provenant des activités des secteurs privé et public.
Un enjeu crucial : la collecte et le traitement des données
Le calcul de l’empreinte carbone repose sur de nombreuses données : consommation énergétique, transport, production de matériaux… Les informations nécessaires figurent dans les FDES (fiches de déclaration environnementales et sanitaires), documents normalisés qui présentent les résultats de l’ACV et les informations sanitaires d’un produit.
Il existe 3 types de FDES :
- les FDES collectives pour les produits types fabriqués par plusieurs industriels ;
- les FDES individuelles pour les produits fabriqués par un seul industriel et correspondant à une référence commerciale ;
- les FDES établies par des configurateurs et adaptées au produit utilisé sur la construction évaluée.
Outil crucial pour les professionnels du bâtiment, les FDES sont disponibles gratuitement en ligne sur la base de données INIES.
Les outils à disposition des diagnostiqueurs immobiliers
Des outils et logiciels aident les diagnostiqueurs à :
- fiabiliser la collecte et le traitement des données ;
- élaborer des bouquets de travaux pertinents ;
- calculer les consommations énergétique et l’empreinte carbone.
Voici quelques références utiles :
- la Base Empreinte de l’ADEME, base de données publique officielle pour la comptabilité carbone ;
- ELODIE, développé par CYPE et le CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment), pour analyser l’impact environnemental des projets de construction avec l’étude de la conformité au volet carbone de la RE2020 ;
- les logiciels comme WINAUDIT ou Liciel, qui accompagnent les diagnostiqueurs immobiliers dans l’élaboration des audits et des DPE ;
- les bibliothèques de prix comme Batiprix, pour accéder à des informations régulièrement mises à jour sur les ouvrages du BTP : description, prix de fourniture et pose, normes, caractéristiques techniques et performances, etc.
Empreinte carbone et diagnostic immobilier : à quoi faut-il s’attendre à l’avenir ?
La question de l’empreinte carbone dans les projets de construction reste à creuser. Un état de l’art scientifique doit être réalisé pour étudier l’impact carbone des constructions et des rénovations, notamment pour comparer les projets de démolition-reconstruction et de réhabilitation des bâtiments.
De manière générale, il serait pertinent de définir des seuils de performance carbone pour les projets de démolition, de réhabilitation et de rénovation, à la manière de la RE2020 pour les constructions neuves.
Par ailleurs, la base INIES doit encore être enrichie, avec notamment des FDES dédiées aux produits « anciens » (menuiseries artisanales, enduits traditionnels, etc.).
Enfin, l’élaboration d’une méthode unique, à l’échelle internationale, pour évaluer l’empreinte carbone fait partie des pistes étudiées.
Vous l’aurez compris, en s’inscrivant toujours plus dans les politiques gouvernementales, l’évaluation de l’empreinte carbone joue un rôle essentiel dans la réduction de l’impact des projets de construction. Les solutions ne manquent pas : éco-conception, utilisation de matériaux durables et bas carbone, priorisation des rénovations plutôt que des constructions, diminution des émissions carbone des chantiers (transport, logistique, gestion des déchets),…
En tant que diagnostiqueur immobilier, vous devez vous engager activement dans cette démarche en accompagnant efficacement vos clients dans l’évaluation et la rénovation énergétique de leurs biens !