La rénovation thermique des bâtiments est devenue une priorité pour les bailleurs sociaux. Elle permet non seulement de répondre aux exigences réglementaires, mais aussi de réduire les coûts énergétiques pour les locataires tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique.
Cet article dévoile 2 cas concrets de rénovation de logements sociaux. Découvrez les objectifs de chaque projet, la méthode utilisée et les choix effectués pour obtenir le meilleur ratio coût / carbone.
Chantier n°1 : Résidences Noirettes et Grand Bois à Vaulx-en-Velin (69)
Présentation du chantier
Premier projet pilote EnergieSprong sur des immeubles de grande hauteur, les résidences Noirettes et Grand Bois à Vaulx-en-Velin (69) sont constituées de 988 logements du T1 au T6. Ces 9 bâtiments de R+7 à R+15 ont été construits entre 1972 et 1978 sur 2 sites, et présentaient avant les travaux une consommation de 215 kWhep/m2/an. Le programme de réhabilitation avait un double objectif :- La réduction des consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre un DPE classe B avec une consommation énergie primaire après travaux 90 kWhep/m2/an, et obtenir le label BBC (Bâtiment Basse Consommation) Effinergie Rénovation.
- L’amélioration de l’esthétique des bâtiments en cassant les volumes et en créant des modénatures pour diminuer l’aspect massif des façades.
Quels travaux engagés ?
- Travaux énergétiques
- Isolation des façades dont 42% en panneaux préfabriqués
- Isolation des vides sanitaires
- Réfection de l’étanchéité avec isolation
- Remplacement de la VMC
- Révision des menuiseries extérieures : remplacement des menuiseries en bois ou simple vitrage par des menuiseries PVC double vitrage
- Remplacement et agrandissement des balcons existants : 65 balcons ont été agrandis de 1.5m² à 4 m², et 92 balcons ont été agrandis de 1.5m² à 8 m²
- Mise en sécurité électrique des logements
- Mise en accessibilité des accès
- Aménagement intérieur : adaptation au vieillissement de 10% des salles de bain, bouquet de travaux d’embellissement au choix des locataires (1500 € HT), réfection des entrées d’immeubles
- Amélioration de la gestion des déchets
La rénovation des façades : place à la préfabrication
L’utilisation du BIM dès la phase de programmation jusqu’à l’exploitation a permis l’industrialisation des façades. L’intégralité des bâtiments a été modélisée par Scan3D dès la phase préparatoire pour dimensionner les panneaux préfabriqués à partir de modèles BIM. Cependant, le recours aux panneaux préfabriqués a été limité à 42% des façades pour des raisons de coûts car cette solution s’avère encore très chère par rapport à une isolation en fibre de bois sous enduit (360 €/m2 contre 90 €/m2) mais qui devrait, d’ici quelques années, devenir plus compétitive grâce aux avancées techniques et aux volumes attendus. De par sa mise en œuvre non traditionnelle, ce système a fait l’objet de deux ATEX (Appréciation Technique d’Expérimentation). Réalisées en atelier par l’entreprise Arbonis, ces façades préfabriquées sont constituées d’un assemblage de montants et de traverses en bois issues de forêts françaises écolabellisées, sur lesquels a été fixé un panneau. L’isolant, posé entre les montants d’ossature, a été recouvert d’un film pare-vapeur. Côté extérieur, un pare-pluie habille le panneau sur lequel est fixé le système de vêture avec 4 types de bardages différents. Le choix de l’isolant s’est porté sur un isolant en fibres de polyester (Ecopeg) fabriqué à partir de plus de 2/3 du recyclage de bouteilles de PET d’origine européenne. Classé B-S1,d0, il est faiblement combustible, dégage peu de fumées et n’engendre aucune goutte ou débris enflammé lors de sa combustion. Il affiche un indice de conductivité thermique (λ) de 0,035 W/(m.K), il présente donc un excellent pouvoir isolant.Avantages de la préfabrication
- Les panneaux préfabriqués ont été attachés directement sur les façades existantes pour créer une seconde peau. Pour 100 m2 de façade, cette opération a demandé 150 percements et un délai de 3 jours de préfabrication contre 650 percements et un délai de 3 semaines pour une isolation classique.
- La préfabrication a réduit de 400 tonnes les déchets de chantier.
- Sur le chantier, le montage a été réalisé sans échafaudages, seule une grue mobile et une nacelle ont été nécessaires. Le chantier a été 7 fois plus rapide avec 4 fois moins de nuisances pour les occupants.
- Ce projet a nécessité 3 ans de préparation et 19 mois de chantier contre 4 ans de préparation et 4 ans de travaux pour un projet classique.