Le réemploi des matériaux dans la construction est encouragé par de nombreuses réglementations locales, nationales et européennes. Et pour cause : il s’agit d’un enjeu essentiel de la transition énergétique. Vous êtes maître d’œuvre ou maître d’ouvrage et vous souhaitez vous lancer dans une démarche de réemploi ? À l’occasion de la SERD (Semaine européenne pour la réduction des déchets), voici tout ce que vous devez savoir pour réussir votre projet et définir votre budget.
SOMMAIRE
Zoom sur le réemploi des matériaux dans la construction
Qui sont les acteurs d’un projet de réemploi ?
Pourquoi miser sur le réemploi des matériaux dans la construction ?
Quelles sont les principales étapes du réemploi des matériaux de construction ?
Comment construire avec des matériaux de réemploi ?
Comment chiffrer un projet de réemploi des matériaux dans la construction ?
Zoom sur le réemploi des matériaux dans la construction
Alors que l’industrie moderne valorise les matériaux neufs et standardisés, la transition écologique remet au goût du jour les pratiques comme le réemploi… Mais que se cache-t-il concrètement derrière ce terme ?
Le contexte
En France, le secteur du BTP est le 1er producteur de déchets. Et près de la moitié d’entre eux ne subissent aucun traitement avant d’être jetés ! Le développement d’une économie circulaire constitue donc un enjeu essentiel pour la transition environnementale.
Parmi les différents leviers impulsés par l’Union européenne et les États, le réemploi des matériaux ne cesse de se développer, malgré des freins techniques et juridiques. Il présente en effet de nombreux avantages, notamment celui de répondre aux objectifs de la RE 2020 (Réglementation environnementale 2020), qui implique de prendre en compte l’analyse du cycle de vie des ouvrages.
Définition
Le réemploi désigne toute opération par laquelle des matériaux qui ne sont pas des déchets sont réexploités pour un usage similaire à celui pour lequel ils ont été conçus, sur le site d’origine ou sur un nouveau site.
Attention : le droit français distingue le réemploi et la réutilisation. Lors de cette autre opération, les matériaux subissent un traitement afin de les préparer à un nouvel usage.
Par exemple : dans le cadre d’une réutilisation, une porte pourra être transformée en planches de bois qui serviront dans la construction. Pour un réemploi, cette même porte servira toujours de porte, mais à un autre endroit et en conservant ses caractéristiques.
Qui sont les acteurs d’un projet de réemploi ?
Un projet de réemploi est principalement porté par le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre. Ce sont eux qui définissent les objectifs, calculent les bénéfices économiques et conçoivent le projet avec une approche d’économie circulaire.
Un expert réemploi peut également intervenir. Il accompagnera le maître d’ouvrage dans les différentes étapes du projet, réalisera les diagnostics et les études de faisabilité, et préconisera les méthodes de dépose, de traitement et de pose adaptées. Enfin, il fera le lien entre les différents acteurs engagés dans le projet :
- les entreprises de travaux, qui doivent adapter leur approvisionnement en matériaux et leurs méthodes de mise en œuvre ;
- les plateformes de réemploi, qui centralisent l’offre et la demande en matériaux et assurent leur dépose et leur préparation ;
- les bureaux de contrôle, qui analysent les risques lorsque les pratiques ne sont pas normalisées ;
- les assurances, qui adaptent les clauses de leurs contrats pour accompagner les différents acteurs du projet.
Pourquoi miser sur le réemploi des matériaux dans la construction ?
Le réemploi des matériaux dans la construction offre de nombreux avantages. Voici pourquoi la maîtrise d’œuvre et à la maîtrise d’ouvrage ont tout intérêt à miser sur cette pratique.
Engager une démarche écologique
Le réemploi des matériaux est une opportunité pour le maître d’œuvre d’inscrire son projet dans une démarche écologique. Il réduit l’impact carbone des matériaux, du transport des matériaux et du traitement des déchets.
Contrairement au recyclage, il limite les procédés de transformation et préserve les propriétés des matériaux.
Réaliser des bénéfices économiques
Le réemploi des matériaux peut, dans certains cas, réduire le coût d’un projet de construction. En effet, l’utilisation de ressources locales limite le transport et la logistique. Les matériaux anciens sont souvent de bonne qualité et participent à l’enrichissement du patrimoine du bâtiment. Enfin, la revente des matériaux génère des gains supplémentaires.
Créer un cadre de travail valorisant
Le réemploi s’impose comme un levier essentiel pour dynamiser les filières d’emploi local et offrir un cadre de travail valorisant aux différents acteurs de la construction. Il permet également d’améliorer l’image du projet, notamment auprès des riverains.
Quelles sont les principales étapes du réemploi des matériaux de construction ?
S’engager dans une démarche de réemploi nécessite un investissement spécifique. Voici les principales étapes pour revaloriser les matériaux avant une déconstruction ou une rénovation.
La réalisation des diagnostics
Depuis le 1er janvier 2022, le diagnostic PEMD (produits équipements matériaux déchets) est obligatoire. Outil essentiel à l’impulsion du réemploi dans le bâtiment, il vient identifier les matériaux réemployables. Il s’applique aux opérations de rénovation et de démolition qui concernent les constructions réunissant au moins une des 3 conditions suivantes :
- la surface cumulée du plancher est supérieure à 1 000 m2 ;
- les travaux de rénovation portent sur 2 éléments de second œuvre ;
- le bâtiment a accueilli une activité agricole, industrielle ou commerciale et a été le siège de l’utilisation, du stockage, de la fabrication ou de la distribution d’une substance dangereuse.
Outil complémentaire au diagnostic PEMD, le diagnostic ressource permet de connaître précisément les matériaux d’une construction et d’estimer leur potentiel de réemploi. Ce document non réglementaire est un outil essentiel pour aider le maître d’ouvrage à choisir entre une démolition « classique » et un démontage sélectif. Il doit être réalisé par des professionnels de la construction indépendants du maître d’ouvrage et de l’entreprise de déconstruction.
La préparation des matériaux
Avant d’être réemployés, les matériaux de construction doivent passer par les étapes suivantes :
- la dépose : elle doit être soignée pour ne pas altérer la qualité des matériaux ;
- le stockage : réalisé sur le chantier d’origine, une plateforme de réemploi ou un lieu intermédiaire, il doit protéger les matériaux des intempéries et des vols ;
- la remise en état éventuelle et le conditionnement ;
- le test de performance : le bureau de contrôle doit évaluer et valider la performance de certains matériaux. Des essais en laboratoire peuvent être nécessaires.
Les démarches d’assurance
Les assurances distinguent 2 catégories de techniques de pose :
- les techniques courantes : NF, DTU, RAGE… Elles se conforment à des référentiels connus, elles sont donc toujours couvertes par les assurances ;
- les techniques non courantes : elles requièrent l’analyse d’un contrôleur technique. Il pourra les considérer comme des techniques courantes grâce à des appréciations techniques (ATex, ATec, DTA) ou bien les considérer comme des techniques non courantes, ce qui augmentera le coût des assurances.
Les appréciations techniques étant onéreuses, il est conseillé de maintenir les solutions de réemploi dans la catégorie des techniques courantes. Pour convaincre les assurances, les acteurs peuvent s’appuyer sur des référentiels standardisés, des retours d’expérience et un diagnostic ressource.
La commercialisation
Si le maître d’ouvrage décide de vendre les matériaux issus d’une déconstruction, il doit mettre en place une convention de cession. Son objectif est de contractualiser le transfert des responsabilités et de fournir les informations de fiabilité et de traçabilité des matériaux.
Les structures spécialisées dans la vente de matériaux de réemploi, en particulier les plateformes de vente en ligne, peuvent fournir un cadre légal adapté.
Comment construire avec des matériaux de réemploi ?
La mise en œuvre des matériaux de réemploi ne cesse de se développer malgré les défis techniques et juridiques. En effet, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre doivent mener leur projet dans un cadre normatif strict afin d’assurer la conformité de la construction, la couverture des assurances et la validation des bureaux de contrôle.
Lors de la phase de conception, le projet doit pouvoir évoluer en fonction de la disponibilité des matériaux. Pour cela, les CCTP (cahiers des clauses techniques particulières) doivent permettent de remplacer les matériaux de réemploi par des matériaux neufs en cas d’indisponibilité.
La fourniture en matériaux de réemploi constitue également un défi à part entière. La création d’un lot spécifique permet de désigner clairement une structure chargée du sourcing, et donc de faciliter la démarche. La bonne nouvelle, c’est que les réseaux des revendeurs sont en plein essor depuis quelques années.
Comment chiffrer un projet de réemploi des matériaux dans la construction ?
L’opération de réemploi de matériaux présente elle-même un coût. Comment estimer le budget d’un projet de réemploi et définir ses objectifs économiques ?
Pour aider les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre à chiffrer leur projet, Batiprix s’appuie sur une connaissance rigoureuse du marché et de la réglementation environnementale. La base d’ouvrages ressence des ouvrages de dépose des matériaux avec soin, et offre toutes les informations nécessaires pour estimer le temps et le coût des différentes opérations de réemploi : dépose, stockage, transport, pose, etc. Mise à jour régulièrement, elle constitue la bibliothèque d’ouvrages la plus complète du marché !