Normes, technologies ou encore rémunérations : le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) évolue constamment. Ainsi, les grilles salariales s’adaptent régulièrement pour répondre aux enjeux du moment. C’est pourquoi en 2024, des changements importants concernent les salaires des ouvriers, employés, techniciens, agents de maîtrise et cadres du BTP. Batiprix vous aide à mieux comprendre les spécificités du salaire dans le BTP, les nouvelles réglementations ainsi que les manières d’optimiser la politique de rémunération.
Les spécificités du salaire dans le BTP
Les catégories professionnelles
Les travailleurs du BTP se répartissent en plusieurs catégories professionnelles :
- les ouvriers : orientés vers l’exécution des tâches, ils regroupent des profils variés, allant de l’ouvrier non qualifié à l’ouvrier qualifié ou spécialisé. Leurs salaires évoluent selon leur niveau de compétence et d’expérience ;
- les employés ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise) : ils incluent les employés administratifs, les techniciens et les chefs de chantier. Avec des responsabilités plus étendues, leurs salaires s’adaptent à leurs missions ;
- les cadres : ce groupe comprend les ingénieurs, architectes, responsables de projet et cadres techniques. Ils affichent une rémunération plus élevée, en raison de leur expertise et de leurs responsabilités managériales.
Les conventions collectives
Les conventions collectives désignent des accords établis entre syndicats de salariés et organisations patronales pour encadrer les salaires et les conditions de travail. Elles déterminent les niveaux de rémunération minimaux pour chaque catégorie professionnelle. Il en existe plusieurs dans le BTP :
- Conventions collectives nationales (CCN) du bâtiment :
- les ouvriers employés par les entreprises du bâtiment jusqu’à 10 salariés ;
- les ouvriers employés par les entreprises du bâtiment de plus de 10 salariés ;
- les cadres du bâtiment ;
- les ETAM du bâtiment.
- Conventions collectives nationales (CCN) des travaux publics :
- les ouvriers des travaux publics ;
- les cadres des travaux publics ;
- les ETAM des travaux publics.
Les grilles de salaires dans le BTP
Les grilles salariales du BTP, mises à jour par les conventions collectives, fixent les minimas pour chaque poste en fonction de la catégorie professionnelle, de l’expérience et la localisation géographique du chantier. Le texte précise aussi les avantages tels que les indemnités de repas, les primes de panier ou les indemnités de déplacement.
Pour rappel : les salaires minimum ne peuvent pas être inférieurs au SMIC, lui aussi revalorisé tous les ans et fixé à 1 801,80 euros par mois brut au 1er novembre 2024.
Les grilles de salaires des ouvriers
Les grilles de salaires des ouvriers se négocient au niveau régional. Par conséquent, elles diffèrent d’une région à l’autre.
Chaque grille se divise en 4 niveaux de classification :
- niveau I : ouvriers d’exécutions ;
- niveau II : ouvriers professionnels ;
- niveau III : compagnons professionnels ;
- niveau IV : maîtres d’œuvre et chefs d’équipe.
Les niveaux I, III et IV se subdivisent également en 2 positions, selon le niveau de qualification.
Les grilles de salaires des ETAM
Comme pour les ouvriers, les grilles de salaires des ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise) sont fixées au niveau régional.
Elles se composent de 8 niveaux de classification, allant de A à H : A à D pour les employés et E à H pour les techniciens et agents de maîtrise. Plus le niveau est haut, plus la rémunération est élevée
La grille de salaires des cadres
La grille de salaires des cadres du BTP se négocie au niveau national. La même règle s’applique donc à toutes les régions. Seuls les cadres du Nord et du Pas-de-Calais bénéficient d’une majoration de 2,78 % par rapport à la grille nationale.
La rémunération varie en fonction de la classification.
Quels sont les facteurs qui impactent les salaires dans le BTP ?
Dans le BTP, plusieurs éléments impactent les salaires :
- Expérience et compétences : l’ancienneté et les compétences spécifiques (par exemple le label RGE ou les habilitations électriques) permettent de négocier de meilleurs salaires.
- Zone géographique : les salaires varient en fonction de la localisation, par exemple dans les régions où le coût de la vie est plus élevé, comme en Île-de-France.
- Contexte économique : les fluctuations économiques impactent les investissements dans le BTP, ce qui peut influer sur les salaires dans les périodes de forte demande ou de pénurie de main-d’œuvre.
- Nouveaux besoins sectoriels : les exigences environnementales et les évolutions dans les techniques de construction stimulent la demande de profils qualifiés, augmentant leur attractivité et leurs salaires.
Les nouveautés de 2024 en matière de salaire dans le BTP
Revalorisation des salaires minimaux
Pour lutter contre l’inflation, les syndicats et les fédérations du BTP ont obtenu une revalorisation des salaires minimaux. Les hausses sont comprises entre 2 et 5 % selon les postes, avec une augmentation significative pour les ouvriers et les techniciens qualifiés.
Cette augmentation impacte aussi les salaires minimaux des alternants dans le BTP : ils bénéficient à présent d’une rémunération en pourcentage du SMIC plus avantageuse que la règle légale, en particulier pour les jeunes de 16 à 25 ans.
Pour la gratification de stage, les entreprises qui accueillent des stagiaires pour une durée supérieure à deux mois doivent désormais verser une indemnité minimale équivalente à 15 % du plafond horaire de la Sécurité sociale. Le plafond horaire est passé de 27 à 29 euros, entraînant une hausse de l’indemnité de stage.
Baisse de la déduction forfaitaire
La déduction forfaitaire, également appelée « abattement 10 % », diminue de 9 % en 2024 dans le secteur du BTP. L’objectif ? Une disparition progressive jusqu’en 2032. Cela impactera directement les bulletins de paie et les finances des entreprises.
Ce dispositif permet en effet de réduire l’assiette des cotisations sociales, ce qui augmente la rémunération nette des salariés via un allégement des charges patronales. Cependant, ce dispositif réduit aussi certaines prestations sociales, ce qui constitue un affaiblissement de la protection sociale des travailleurs, d’où sa disparition progressive.
Exonération des titres restaurant
La limite d’exonération des titres restaurant est fixée à 7,18 € en 2024 contre 6,91 € en 2023. Pour en bénéficier, il faut que l’employeur participe à hauteur de 50 à 60 % de la valeur du titre, sans dépasser cette limite.
Maintien de la cotisation OPPBTP
La cotisation à l’organisme professionnel de prévention du BTP vise à promouvoir la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, ainsi qu’à améliorer les conditions de travail. Elle reste fixée à 0,11 % en 2024.
Augmentation de l’AGS
Le taux de cotisation à l’AGS (association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés) est relevé à 0,20 % en 2024 contre 0,15 % en 2023. Elle assure une meilleure protection des travailleurs en cas de difficultés financières.
Évolution du paramètre T dans les cotisations
En 2024, les cotisations patronales dans le BTP baissent. En parallèle, le paramètre T est revu à la hausse. Il passe à 0,3194 pour les employeurs de moins de 50 salariés et à 0,3234 pour les employeurs de 50 salariés.
Déplafonnement des cotisations vieillesse
Depuis le 1er janvier 2024, la part patronale déplafonnée de la cotisation vieillesse a été ajustée, passant de 1,90 % à 2,02 %. Ce changement, introduit dans le cadre de la réforme des retraites, vise à renforcer le financement des pensions en impliquant davantage les employeurs. L’objectif : garantir la stabilité du système de retraite en France et réduire le déficit des régimes de retraite, préoccupation importante pour les pouvoirs publics.
Quant à la part salariale des cotisations vieillesse, les taux restent inchangés : 6,90 % pour la part plafonnée et 0,40 % pour la part déplafonnée.
De nouvelles évolutions devraient survenir en 2025 : restez connecté, Batiprix vous dévoilera tous les changements !
Conseils pour optimiser son salaire dans le BTP
Miser sur les compétences spécifiques
Les profils spécialisés en écoconstruction, rénovation énergétique ou modélisation BIM font partie des plus prisés. Se former dans ces domaines accroît sa valeur sur le marché… et fournit des arguments pour négocier un salaire supérieur.
Valoriser l’expérience et la mobilité
Dans le BTP, l’expérience pratique et la mobilité constituent deux atouts majeurs. Les travailleurs qui acceptent des missions dans les zones à forte demande et s’impliquent dans des projets atypiques peuvent bénéficier de primes et de rémunérations plus attractives.
Négocier les primes et les indemnités
Les primes et indemnités de déplacement représentent une part significative des salaires dans le BTP. Il est souvent possible de négocier ces éléments, en particulier pour les missions impliquant des déplacements fréquents ou des conditions de travail particulières.
Se former en continu
Le secteur du BTP évolue en permanence : les professionnels qui investissent dans leur formation continue restent compétitifs sur le marché de l’emploi. En obtenant des certifications spécifiques, ils améliorent leur employabilité et accèdent à des augmentations salariales régulières.